Nathalie Ergino in catalogue hall, février 1996, Paris

Depuis des années, Jean Daviot s'active, s'engage, proteste, provoque... Aujourd'hui il propose. Car de ce parcours mouvementé il a tiré des conclusions. Très jeune, Jean Daviot s'est retrouvé à proximité des acteurs de l'art corporel. Il a pu ressentir les conséquences d'un art si absolu. Combinaisons de la vie et de la mort, les pratiques des artistes sur leur corps ont, dans leur ferveur “vitaliste”, engagé leur inéluctable processus de destruction. C'est alors que Jean Daviot interrompt toute pratique artistique pour se consacrer à d'autres artistes. Virage en apparence radical puisque les artistes qu'il accompagne se dévouent corps et biens au service de la peinture.
Mais Jean Daviot a depuis toujours considéré les supports de l'art comme accessoires. Dès ses premières approches, il combine performances, vidéo et peinture au profit de préoccupations dites fondamentales. Imprégné de Philippe de Champaigne, de l'art corporel ou d'Yves Klein, Jean Daviot tente en effet de « matérialiser l'âme humaine ». Digne héritier de la culture psychanalytique et de Lacan, il envisage l'inconscient structuré comme un langage. L'œuvre doit être cette accumulation de signes et d'intuitions au service de l'être. Depuis 1990, Jean Daviot choisit des individus qu'il invite à enregistrer leurs mains et leur visage à l'aide de la photocopie. Ce sont autant d'éléments qu'il réutilise sous la forme de séries “d'ombres peintes” car se sont bien ces ombres, ces absences qui sont désormais fixées sur la toile. Pour la première fois, il a capturé l'ombre de ses propres mains comme dans une incessante mise en abîme. C'est donc d'une certaine façon engager là d'autres champs d'investigation.
Jean Daviot est avant tout un chercheur insatiable, un expérimentateur. Chercheur de la vie, de l'homme, il n'hésite pas à confronter des réflexions de type métaphysique à des attitudes radicales que la société lui suggère.