Des mains, le ciel, un arbre, des visages et une rencontre ! C'est ainsi que l'on pourrait résumer l'oeuvre de Jean Daviot.
Mais peut-on résumer une oeuvre d'art ?
Une oeuvre ne se réduit pas à quelques mots, même si la poésie leur donne parfois l'illusion d'une grande et belle transcendance.
Une oeuvre d'art est ouverture, accroissement de vie, de temps et d'espace, de souffle et d'esprit. Si on ne peut résumer une oeuvre, nous ne sommes cependant pas réduits au silence !
On peut parler d'une oeuvre, ou plutôt avec une oeuvre.
C'est d'ailleurs une de ses essentielles fonctions : nous offrir la possibilité de parler.
Même quand nous nous taisons !
En effet, nous dialoguons alors avec le silence.
Bien sûr, je ne peux pas dire « sur quoi » travaille Jean Daviot sans le risque de l'enfermer immédiatement dans un thème et de détruire, par là même, la force de son invention, de sa créativité, de son « oeuvre » tout simplement.
J'esquisserai plutôt un dialogue autour de cette oeuvre,
qui serait comme les lèvres ou les rives,
les rivages, une bouche étrange,
un « trou à bords mous », comme dit Michel Serres dans un petit ouvrage au titre questionnant, En amour, sommes-nous des bêtes ?
Ces bouches, ces « trous à bords mous », sont le cadre/hors cadre de l'oeuvre de Jean Daviot.
Ce sont ces espaces qui accueillent les mains et les arbres, parfois des visages, souvent des doigts, des bouches et des sexes.
Sexes de femmes,
et d'hommes aussi !
Mais souvenons-nous de l'énigme : « Il n'y a pas de rapport sexuel? »
Ainsi, rien ici de ce rapport, rien ici ne pourra en être rapporté, relaté, sauf à y être frelaté ?
© Éditions Paris-Musées / Actes Sud, 2004.